Mieux comprendre les violences dans les relations amoureuses
Cet article résume un rapport de mise en place d’un programme de prévention des violences dans les relations amoureuses (VRA) chez les jeunes
« La lecture de ce rapport fut très instructive. Ma motivation initiale venait du lien entre le sujet des violences relationnelles et l’égalité femme/homme, mais la décision de le résumer provient de l’importance de ces thématiques pour toutes personnes travaillant avec les jeunes. »
La France ne dispose pas de programme de prévention des Violences dans les Relations Amoureuses (VRA). Le programme utilisé ici est d’origine suisse et a été expérimenté en Centre Val de Loire de décembre 2021 à mai 2023. Le programme a été effectué dans 5 structures de la région (Lycées, Collège, Mission locale, Maison locale) accueillant des jeunes de 13 à 25 ans. En tout, 198 jeunes ont été rencontrés.
Objectifs :
- Prévenir, identifier et nommer les VRA chez les jeunes
- Encourager les jeunes à des changements d’attitudes et de comportements
- Les amener à activer des CPS (Compétences Psycho-Sociales) ou à en acquérir de nouvelles
- Leurs permettre de mieux soutenir leurs pairs
Le programme se déroulais ainsi : 6 séances de 2 heures par semaine d’animation de celui-ci, entourées d’une réunion de sensibilisation à la thématique des VRA, une réunion de sensibilisation auprès des acteurs ressources locaux des départements, 3 temps différents de complétion de questionnaires et une note d’information sur le programme envoyé aux familles.
Méthodes de préventions :
- Basés sur les CPS (Compétences Psycho-Sociales) de l’Organisation Mondiale de la Santé : Savoir résoudre des problèmes/savoir prendre des décisions ; avoir une pensée créative/avoir une pensée critique; savoir communiquer efficacement/être habile dans les relations interpersonnelles ; avoir conscience de soi/avoir de l’empathie ; savoir réguler ses émotions/savoir gérer son stress
- Interventions qui se succèdent et suivent un même programme continu
- Agir le plus tôt possible, largement (plus universel possible), sur plusieurs milieux de vie
- Avoir une approche globale de prévention qui intègre les différentes formes de violence dans le couple et y intégrer les dynamiques spécifiques des VRA chez les adolescents et jeunes adultes
Concepts généraux non déterminés par l’expérimentation (liste non exhaustive) :
- Violences dans les Relations Amoureuses : Physique, Psychologique, Sexuelle (peut être matériel ou non (ex : cyberharcèlement))
- Symétrie de genre : Il semblerait que chez les jeunes, les violences physiques et psychologiques soient faites et reçues à peu près autant par les jeunes hommes et les jeunes femmes. Les violences sexuelles sont néanmoins plus effectuées par les jeunes hommes et subis par les jeunes femmes.
- Bidirectionnalité : Il arrive que les violences dans un couple soient faites et reçues par les deux partenaires. (ex : 51% des violences physiques selon une étude) Une étude montre que plus une forme de violence est actée, plus son pendant subi est observé.
- Formes de VRA associées entre elles : Une forme de violence est souvent associée à une autre. Et plus une forme de violence est subie, plus une autre forme de violence l’est également. La violence psychologique est souvent la forme la plus commune, la plus fréquente et la première forme de violence à se manifester et à être suivie par (mais pas forcément) de la violence physique et/ou sexuelle.
- Les VRA influencent la santé : physique (blessures physiques et douleurs chroniques…etc.), mentale (émotions négatives, idée, anxiété, troubles alimentaires, du sommeil…etc.), sexuelle (IST(Infection Sexuellement Transmissible), grossesse non désirée…etc.), sociale (isolement, décrochage…etc.)
- Les éléments associés au fait d’agir ou de recevoir des violences dans les relations affectives : l’âge, l’identité de genre et l’orientation sexuelle/amoureuse, un faible statut socio-économique, une adhésion aux stéréotypes de genre, une consommation de substances psychoactives, la présence de formes multiples de VRA, une maltraitance au cours de l’enfance, etc
Résultats :
La violence psychologique, physique, et cyberviolence sont aussi bien le fait des jeunes femmes que des jeunes hommes (symétrie de genre). Les violences sexuelles sont la seule exception puisqu’aucune jeune femme rapporte en avoir commises, contrairement aux jeunes hommes.
Entre 30 et 65% des jeunes subissent ces 3 types de violences et entre 24 et 63% les agissent, il est conclu qu’il est donc nécessaire d’intensifier les recherches sur ces problématiques pour mieux les comprendre et les prévenir.
On observe des changements significatifs concernant : les stéréotypes de genre et attitudes à l’égard de la violence avec une diminution de l’adhésion aux normes de masculinité et une moins grande adhésion aux inégalités de genre véhiculées par le système ; les CPS avec une demande d’aide et une meilleure identification des lieux ressources ; des modifications des VRA chez les jeunes hommes une diminution de la violence psychologique agie et de la violence physique subie.
La demande et recherche d’aide est une compétence qui semble spécifiquement être développée dans le programme.
Cependant concernant les VRA effectuées et subies par les jeunes, de grands changements ne semblent pas s’effectuer au moyen terme. (Cela peut s’expliquer par l’échantillon faible et le changement d’effectif ; par la période d’instabilité relationnelle dans laquelle se situent les jeunes ; par le fait que les changements de comportements demandent du temps et sont difficiles à observer).
Sources et crédits
Résumé simplifié, paraphrasé et non exhaustif du “Rapport final de l’expérimentation d’un programme de prévention des violences dans les relations amoureuses Sortir Ensemble Et Se Respecter auprès d’une population de jeunes de 13 à 25 ans en Centre-Val de Loire” 2023 de Cherrier, C., Akhras-Pancaldi, C., Potard., C., Rusch, E., Vieira, G., Courtois, R.
Résumé par Jonas Mercier, Service Civique Égalité Femmes/Hommes et Lutte Contre les Discriminations au Bureau d’Information Jeunesse 37.
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